Les Nouvelles Routes du Soi
Par Marc Bonomelli
Broché (19,90 €)
Disponible sur Amazon, Fnac ou En librairie
Ebook (12,00€)
Disponible ci dessous au format PDF
320 pages
En bref
Spécialiste des religions et des mouvements spirituels contemporains, Marc Bonomelli est journaliste. Il a travaillé pour de nombreux médias dont Le Monde des Religions, Les Inrocks, ou Vice.
Presse
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Sommaire
La nature a horreur du vide intérieur, p. 11
L’arbre qui cache la forêt du cynisme contemporain ?
Une autorité religieuse à bout de souffle
Seuls face à nous-même
Poudlard en autodidacte ?
Esprit, je te fuis, tu me suis
I. Quête de sens dessus dessous, p. 31
J’expérience donc je suis
Dharma en roue libre
Le péril jeûne ?
II. Le bricolage religieux est-il devenu un art ?, p. 53
Brico Credo ?
Après les créatifs culturels, les créatifs spirituels
La créatuition ou la primauté de l’intuition
III. Totem sans tabou, p. 76
Réveille le chaman qui est en toi
Le don de l’aigle bleu
IV. Splendeurs et misères de la ruée vers le condor, p. 91
Chaman, idéal moderne ?
S’ancrer pour ne pas rester perché
V. La réanimation de Gaïa, p. 113
L’éco-spiritualité, une religion à plusieurs têtes ?
En Terre, la hache de guerre ?
La femme qui tambourinait à l’oreille des cerfs
VI. Les dévots de Gaïa ou le nouveau RÉgime Totali-Terre ?, p. 135
Les méditants-militants battent le pavé
Pol Pot-ager !
Pachamama
VII. Ma sorcière bien likée, p. 151
L’âge des prêtresses
Oh my goddesses !
VIII. Mal au ventre de la Terre, p. 167
Féminisme sacré ?
IX. Dieu est-il devenu un outil de développement personnel ?, p. 181
Premier commandement : tu changeras de vie
L’alliance du gourou, du psy et du coach
Je positive
La boîte à outils psy & spi
X. De la cellule de moine à la « chambre d’ego » ?, p. 201
Holy-stick
Chacun sa route, chacun sa légende personnelle
Peut-on vraiment échapper à l’ego-radicalisation ?
Authent-tik-tok ?
XI. Bientôt tous coachs ?, p. 227
Si tu as envie, lance-toi
Le business ou l’art de servir la vie
Comment ne pas devenir gourou ?
Épilogue, p. 249
Déconstruire le sans-vie
La Terre comme ancrage vers soi
Dieu ou soi ?
Synchronicités finales
Tu n’occulteras point ?
Extrait
Holy-stick
« Alors que la médecine classique est renvoyée à une vision appauvrissante de l’humain », relève la sociologue Nadia Garnoussi, les approches incluant une dimension spirituelle « tentent un ré-enchantement du corps et de la santé à partir de symbolisations mettant en valeur les émotions et leur sens “profond” ». Il s’agira d’éveiller une dimension spirituelle qui aurait sa place dans le corps et la psyché, mais aussi d’incarner le spirituel dans l’expérience quotidienne, voire triviale, de la vie. Une citation diffusée en masse sur les réseaux sociaux exprime cette vision : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine. » Ces mots sont cités par des personnes qui ignorent souvent que leur auteur était un prêtre catholique jésuite, Pierre Teilhard de Chardin. Julia Itel abonde, chez les cheminants contemporains, « le corps est très important », une valeur qui s’est encore accentuée « chez les générations X et Z ». Le travail sur le corps et les émotions, ainsi que notre alimentation, note la chercheuse, sont d’ailleurs inclus dans une éthique globale du lien à cultiver avec la Nature et au respect qu’on doit lui montrer, due à l’interdépendance des parties du cosmos. On peut aussi penser au succès des publications sur l’intelligence du corps ou bien des messages que nous enverrait le corps, au travers de certains symptômes, perçus comme des signaux nous incitant au changement.
La dissolution des frontières entre la spiritualité, la psychologie, la thérapie et le coaching, répond à un besoin d’unification et de cohérence dans un monde et un soi perçus comme de plus en plus fragmentés et déchirés : « Le problème qu’il peut y avoir dans le fait de tout séparer dans la médecine, regrette l’influenceur et thérapeute alternatif Angelo Foley – par exemple, aller voir un podologue car j’ai mal au pied, un dentiste car j’ai mal aux dents, même si c’est très utile – c’est qu’il y a encore une fragmentation de l’être et de l’individu, et pour moi ça vient taper sur la crise identitaire qu’on peut ressentir. Du coup on est divisé en plein de bouts : mes pieds et ma tête, moi au boulot et moi avec ma nana, moi avec mes amis… Sauf qu’en fait c’est toujours la même personne ! D’où potentiellement l’intérêt d’avoir des pratiques holistiques qui prennent en compte l’ensemble de l’individu, et nécessitent d’avoir des approches différentes. » Angelo, ayant lui-même longtemps souffert de ne se sentir appartenir à aucun groupe, s’est posé souvent la question de l’identité. Tout en continuant son activité de directeur artistique, il s’est initié à de nombreuses méthodes thérapeutiques alternatives, après avoir mené une vie de producteur musical à Paris. Il ne voit pas cette addition de pratiques comme une confusion des genres : « Si vous allez voir quelqu’un qui fait de la médecine chinoise, il va forcément vous dire quelque chose venant de la médecine chinoise. Chaque approche va donner un diagnostic. Alors pour moi l’intérêt, et je ne dis pas que c’est ce qu’il faut faire et que c’est ce qu’il y a de mieux, mais selon ma vision, avoir plusieurs approches permet de mieux discerner. » Et Angelo d’imaginer un patient imaginaire : « Si du point de vue de la médecine chinoise, il y a une défaillance au niveau des reins, mais du point de vue de la psychologie transgénérationnelle, il y a un problème venant de la grand-mère, ça permet de pas être dans une espèce de dogme qui va tout droit. Cela permet de faire des pas de côté. » Ce discours est tout à fait révélateur de ce qui se joue dans les dynamiques psycho-spirituelles actuelles. Il révèle le niveau de méfiance de nos contemporains vis-à-vis de toute forme de pensée ou d’approche figée ou dogmatique. Pas seulement vis-à-vis des dogmes émanant des grandes institutions mais aussi vis-à-vis des pratiques alternatives. Se contenter d’une seule approche est perçu comme une fermeture et le mixage comme une possibilité de mieux cerner la personne à accompagner, ouvrant à davantage d’expérimentations et de créativité. En outre, Angelo Foley s’inscrit dans une démarche valorisant la responsabilité et l’autonomie du patient : « Ce n’est pas à moi de guérir, c’est la personne qui choisit une piste qui fait sens pour elle. » Ce n’est, dans cette optique, pas seulement au « thérapeute » de s’inspirer et de puiser dans diverses approches pour proposer un accompagnement perçu comme plus juste, plus en phase avec différentes facettes de la réalité, mais aussi au patient lui-même, de s’impliquer, de choisir en fonction de ce qui fait sens pour lui, de ce qui « résonne ». Une évolution inséparable de l’aspiration générale à être « sa propre autorité » dans les divers aspects de sa vie, propre à la modernité et souvent reliée aux thèmes phares du développement personnel et de la pensée positive […]