Nos Coeurs Sauvages

Par France Ortelli

Broché (18,50 €)

Disponible sur Amazon, Fnac ou En librairie

Ebook (12,00)

Disponible ci dessous au format Epub

288 pages

En bref

Sommes-nous devenus trop « sauvages » pour la vie à deux ? En deux générations, notre culture de la recherche d’une âme sœur a radicalement changé. Nous choisissons désormais nos partenaires sans contraintes. Pourtant, le nombre de célibataires grimpe inexorablement dans le monde. Si les règles du jeu ont changé, hommes et femmes peuvent-ils encore s’entendre ?

Cette enquête est le résultat de trois années d’investigation pour comprendre comment notre rapport à l’amour a évolué depuis l’époque de nos parents et de nos grands-parents. Lorsqu’ils nous parlent de leur histoire, tout paraît simple. Lorsqu’on interroge les gens autour de nous, tout semble compliqué…

« Nos Cœurs Sauvages réunit des centaines d’entretiens et décrypte les dernières avancées des sciences sociales avec un humour au vitriol. Alors que notre cœur fait les montagnes russes à chaque rencontre, que le choix amoureux nous désoriente, comment réinventer les relations hommes-femmes ? »

France Ortelli est réalisatrice, notamment, pour l’émission TRACKS sur Arte. Scénariste, reporter, elle écrit pour le papier, le web ou la télévision. Sa réalisation la plus remarquée, le documentaire Love me Tinder ! cherche à comprendre les maux amoureux de notre génération.

Presse

Terrafemina

A-t-on fait disparaître l’amour ? Pourquoi ne tombe-t-on plus amoureux·se ? Pourquoi, alors que les moyens pour y arriver ne cessent de se multiplier, se rencontrer n’a jamais été si compliqué ? France Ortelli offre des réponses illustrées d’anecdotes savoureuses et riches d’une documentation rigoureuse, qui nous éclairent sur une situation passionnante, signe d’un réel bouleversement de société.

Elle

Des codes complexes du dating aux applis de rencontre en passant par les histoires sans lendemain… France Ortelli décortique avec un humour corrosif l’extension du domaine de l’amour. Rencontre avec la nouvelle Carrie Bradshaw.

Libération

Les plans culs se multiplient. Mais l’amour se dérobe. Nous restons dans l’échec, incapables de nous engager. «Est-on devenu la génération la plus sauvage de l’histoire ?» demande France Ortelli. Dans un ouvrage écrit tambour battant, elle résume les dernières recherches en sociologie amoureuse.

Cheek magazine

Pas de cynisme dans le timing de cet ouvrage qui, loin d’être une charge contre l’addiction aux applis de rencontre ou un guide pour arrêter de croire au grand amour, décrypte tout en nuances les bouleversements qui affectent notre culture de la recherche de l’âme sœur.

Psychologies

Explorant aussi bien les versants intime et social de l’amour, la journaliste dresse un bilan doux-amer de la vie des « célibataires en recherche active » d’aujourd’hui. Un livre décomplexé et décomplexant, qui invite mine de rien à l’introspection autant qu’à la réflexion sur le monde qui nous entoure.

Sommaire

Est-on devenu la génération la plus sauvage de l’histoire?

I.
Pourquoi on ne tombe plus amoureux aujourd’hui

II.
À trop vouloir rationaliser l’amour, l’a-t-on fait disparaître ?

III.
Pourquoi on ne fait plus de (vraies) rencontres

IV.
Vouloir toujours mieux, toujours plus

V.
L’extraordinaire ascension du célibat

VI.
Pourquoi le couple n’est plus une évidence

VII.
Pourquoi le sexe (À deux) ne fait plus bander personne

VIII.
L’horloge tourne, et alors ?

IX.
La tentation de rester seul

X.
Un problème de genre?

L’éducation asentimentale

Extrait

Vouloir toujours mieux, toujours plus

Le désir de perfection nous entraîne dans une quête du meilleur partenaire possible : le plus beau, le plus intelligent, le plus drôle. La recherche de la personne idéale, encouragée par une pression permanente, celle de la « réussite », passe aussi par la valorisation de soi-même. Mais pourquoi ? Pour qui ? Le désir de choper plus haut et plus gros nous a-t-il rendus malades ?

Le coup de foudre est-il un leurre ?

Avant, on se mariait. Ensuite, éventuellement, on tombait amoureux. Dans la quête de l’amour absolu, magnifié par la société occidentale actuelle, les couples commencent par tomber amoureux et, si tout se passe bien, se marient. Le coup de foudre est placé au cœur du processus amoureux. Par sa facilité d’exécution, il nous affranchit des conventions sociales, il s’oppose aux manœuvres en coulisses des parents ou des amis. Il réaffirme notre liberté individuelle, notre autonomie, qui n’a cessé de croître durant la seconde moitié du XXe siècle. Il a aussi l’immense avantage d’apporter une solution toute prête au casse-tête infernal de la multiplication des choix. Il est pourtant réciproque pour très peu d’élus. Si plus de la moitié d’entre nous déclare avoir déjà ressenti un coup de foudre, seuls 10 % des couples se sont construits à la suite de cet étrange choc sismique.
En parallèle des nombreux travaux de biologistes qui définissent le coup de foudre comme une réaction chimique provoquée par plusieurs substances telles que la dopamine, l’ocytocine ou l’adrénaline, d’autres recherches prouvent que nous serions pourtant attirés majoritairement par ceux qui nous ressemblent. Lorsque l’on retrouve dans le visage de l’autre certains éléments de son propre visage, celui-ci nous paraît plus attirant. Au-delà du physique, on trouverait aussi une attraction corrélée à la similarité des personnalités. Des individus ayant des opinions, des valeurs et des croyances analogues seraient plus fréquemment attirés les uns par les autres. Le coup de foudre, c’est probablement se reconnaître dans l’autre. Rien à voir avec les âmes sœurs, le destin ou la magie amoureuse.

De nombreux auteurs contestent d’ailleurs l’authenticité du coup de foudre. On pense au philosophe et sémiologue français Roland Barthes qui, dans ses Fragments du discours amoureux, le compare à une hypnose, un « ravissement », un « rapt » qui nous surprend, nous capture, fascinés que nous sommes par l’image de l’autre. L’abîme de déception n’en sera que plus grand. Pour Nicolas Duruz, docteur en psychologie et psychanalyste, le coup de foudre est même une façon de combler ses blessures, l’autre devenant alors une sorte de thérapeute qui vient pointer du doigt nos propres névroses :

Dans le coup de foudre, le partenaire revêt toujours une valeur rédemptrice. Il intervient un peu comme le guérisseur d’une blessure vivante dont nous ne parvenons pas à prendre soin nous-mêmes. Nous nous en remettons à lui comme à un sauveur, même si ses marges de manœuvre sont bien restreintes. En effet, gare à lui s’il réveille en nous ce que nous voulons méconnaître de nous-mêmes. Il lui sera tôt ou tard reproché de ne pas être le bon médecin, n’ayant pas réussi, à lui seul, à nous guérir.

L’astuce consisterait donc à utiliser nos coups de foudre pour déchiffrer ce qu’il y a chez l’autre dont nous avons tant besoin ? Exemple : vous flashez sur une femme qui a une grande aisance à l’oral alors que vous êtes un timide. Stratagème : ne pensez pas qu’elle est faite pour vous car elle comblera votre épouvante des échanges verbaux, inscrivez-vous plutôt dans un cours de théâtre. Dans tous les cas, le coup de foudre ne frappe pas au hasard : une personne plutôt à notre image, ou bien qui vient combler nos manques. On pensait que ce type de rencontre relevait d’une alchimie surnaturelle entre deux êtres, or voilà que nous serions face à un phénomène de narcissisme pur.

Princes et princesses

Penchons-nous sur cet autre mythe qui va de pair avec le coup de foudre : le Prince ou la Princesse Charmante. Si l’on consulte la section « Je ne rencontre personne » de Psychologies Magazine, la plupart des témoignages font référence à cette chimère. Stéphanie, 44 ans, dont la plus longue relation a duré 18 mois, émet de sérieux doutes sur la vie à deux mais conclut par cette envolée positive : « Un jour peut-être, mon prince viendra. » Une autre lectrice, âgée de 38 ans, relate ses difficultés à partager sa vie avec le commun des mortels : « Je ne recherche pas une compagnie, je cherche l’Homme, Mon Homme. » Quelques clics plus loin, Pierre, Francis et Alexis, tous trois célibataires, témoignent de leur recherche d’une « alchimie immédiate », d’une « magie de la rencontre » pour dénicher leur futur « élue » qu’ils qualifient de « reine ».

La croyance quasi mystique en l’existence d’un partenaire idéal, éternelle carotte au bout du bâton de l’âne du célibataire, peut ainsi s’avérer extrêmement néfaste et contre-productive. Comme cette phrase insidieuse, qui sert parfois, dans un élan condescendant, à consoler les âmes en peine : « Il y a quelqu’un qui t’attend quelque part, il suffit de le croiser. » Merci, mais comment ?
Si l’on part du postulat que notre partenaire idéal est prédéterminé à la naissance, que l’on n’a aucun moyen de savoir qui il est, ni où il se trouve, mais que l’on croit pouvoir le reconnaître instantanément au moment où nos regards se croiseront, eh bien, on peut dire sans trop se tromper que cette hypothèse doublement irrationnelle (prince charmant + coup de foudre) nous promet une vie amoureuse âpre et décevante. D’ailleurs, que serait un monde régi par le concept d’âme sœur ?

Un ancien ingénieur de la NASA, Randall Munroe, s’est penché sur l’hypothèse. Pour commencer, à l’instant t, mon âme sœur est-elle toujours en vie ? 100 milliards d’êtres humains ont déjà vécu, et seulement 7 milliards sont toujours vivants aujourd’hui. Par conséquent 90 % des âmes sœurs sont déjà mortes. Il y a donc une forte probabilité que la mienne se trouve au cimetière. À moins… qu’elle ne soit pas encore née ? Mais prenons le parti d’espérer nous trouver sur le même créneau temporel. Si l’on mise tout sur une rencontre au premier regard, avec une moyenne de croisements de regards d’une douzaine d’individus nouveaux chaque jour, nous n’aurions le temps de lancer que 50 000 œillades au cours d’une vie, pas assez pour croiser nos 500 000 000 potentiels bien-aimé(e)s. Au final, d’après les calculs de Munroe, il faudrait donc 10 000 vies pour avoir une vraie chance de rencontrer cet alter ego […]