Un Animal pour les Gouverner tous

Par Lucas Jakubowicz

Broché (17,50 €)

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Ebook (10,00)

Disponible ci dessous au format PDF

192 pages

En bref

Quel est le point commun entre Emmanuel Macron, Kim Jong‑un, Barack Obama et Vladimir Poutine ? 

Tous utilisent une puissante technique de manipulation des foules : s’emparer du pouvoir des animaux pour asseoir leur domination. 

Ils sont loin d’être les seuls à recourir à cette arme de communication massive pour s’infiltrer dans nos vies, éliminer leurs adversaires, gouverner, ou se glorifier jusqu’à friser parfois le ridicule.

Ours, léopards, bélugas, tigres, girafes, chiens, chevaux, lapins, chats, poules, vaches ou grues de Sibérie : l’ensemble de l’Arche de Noé est mis à contribution.

Pourtant, cette connexion entre animaux et dirigeants politiques n’avait jamais été décryptée ; c’est chose faite grâce à cette enquête qui mêle humour et analyse au vitriol en dévoilant des intrigues, des artifices et des combines dont nous sommes tous un peu complices.

Lucas Jakubowicz est journaliste politique et rédacteur en chef adjoint de Décideurs Magazine.

 

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Sommaire

Prologue 

Autocrates, démocrates, lâchez la bête !

I. USA

1. La guerre des chiens aura bien lieu I Barack Obama contre Mitt Romney

2. Le lapin ultraconservateur sorti du chapeau I Mike Pence

3. L’homme qui n’aimait pas les bêtes, sauf une I Donald Trump

4. Un senior qui ne manque pas de chiens I Joe Biden

II. FRANCE

5. Adopter pour mieux régner I Emmanuel Macron

6. moissonner les voix dans la plus grande étable de paris I Tous (ou presque)

7. Une dédiabolisation qui miaule I Marine Le Pen

8. Chat le fait I Gérald Darmanin

9. Cause animale, cause commune I Municipales 2020

10. Une politique aux gros sabotsI Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen

11. Les héros des haras I Les Centristes

III. Reste du monde

12. Chevauchées fantastiques en Corée du Nord I Kim Jong-un

13. Turkménistan, une dictature à cheval I  S. Niazov et G. Berdimuhamedov

14. Zoo privé, l’attrape satrape I Le problème d’ego des tyrans

15. Le roi des animaux I Vladimir Poutine

16. La stratégie des chatons mignons I Matteo Salvini

17. Le carnaval permanent I Boris Jonhson

Extrait

Turkménistan,

Une dictature à cheval

Saparmyrat Niazov et Gurbanguly Berdimuhamedov

Si Kim Jong-un peut paraître fou, il n’est qu’un amateur par rapport à ce qui se fait au Turkménistan. Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques lignes sur ce pays méconnu s’imposent. Car, après tout, qui peut se vanter de connaître l’un des lieux les plus fermé et isolé du globe ?

Indépendant depuis octobre 1991, le Turkménistan n’a été pendant longtemps qu’une obscure République soviétique. Coincé entre les très démocratiques Iran, Afghanistan, Ouzbékistan et Kazakhstan, le pays aurait pu tout à fait accueillir Borat. À l’ouest, il est baigné par la mer Caspienne et fait face à l’Azerbaïdjan. Le désert du Karakorum recouvre la majeure partie du territoire dont la capitale, Ashgabat, est située à une dizaine de kilomètres de la frontière de la République islamique iranienne. Peu peuplé, situé sur l’ancienne route de la soie, le pays compte 5,5 millions d’habitants et une densité de population de 11 habitants au kilomètre carré.

Le Turkménistan possède d’abondantes réserves de gaz qu’il exporte principalement vers la Chine. À l’époque de l’économie planifiée soviétique, le pays était un important producteur de coton, ce qui est encore le cas de nos jours, malgré les graves dommages causés à l’environnement. En dépit de la richesse de son sous-sol, le Turkménistan reste relativement pauvre et les choses ne vont pas en s’arrangeant. Le PIB par habitant est passé de 7 962 dollars en 2014 à 7 646 dollars en 2018. Le régime politique n’y est pas pour rien.

En près de trois décennies d’existence, le pays n’a connu que deux présidents, Gurbanguly Berdimuhamedov et son prédécesseur, Saparmyrat Niazov. Ce dernier, né en 1940, est un ancien apparatchik communiste. Protégé de Leonid Brejnev, il dirige depuis 1985 le Présidium du Soviet suprême de la République socialiste soviétique du Turkménistan. Déjà le boss du pays d’une certaine manière. À l’indépendance, il garde le pouvoir, même si l’intitulé de sa fonction change. Le voici président de la République du Turkménistan. Un titre sobre qui ne convient pas vraiment à sa personnalité.

Car en matière de dictateurs fous et égocentriques, le Turkmène place la barre très haut, notamment en instaurant un culte de la personnalité sans aucune limite. Dès 1993, il prend officiellement le titre de « Turkmenbachi », soit le père des Turkmènes. Classique. Mais il va encore plus loin en se faisant représenter sur les billets de 10 000 manats, la monnaie locale, ou encore en renommant la ville portuaire de Krasnovdosk Turkmenbachi. Saparmyrat Niazov modifie le calendrier. Le mois de janvier devient Turkmenbachi et celui d’avril prend le nom de sa mère. En 2005, il oblige également les médecins du pays à prononcer un serment au président à la place du serment d’Hippocrate.

Et ce n’est pas tout ! Comme tout dictateur qui se respecte, Saparmyrat Niazov met en œuvre des projets architecturaux grotesques. Le plus emblématique est sans conteste l’arche de la Neutralité construite en 1998, soit une année avant que Saparmyrat Niazov ne se proclame président à vie. À première vue, il pourrait s’agir d’une banale arche située au centre de la capitale. Mais, à son sommet, trône une statue de 12 mètres, plaquée or, à l’effigie du président. Petit plus, elle pivote pour suivre en permanence la course du soleil.

Tous les dictateurs les plus mégalomaniaques de la planète s’accordent au moins sur un point, ils sont de grands penseurs. Tous écrivent des livres qui doivent être lus par le plus grand nombre. C’est donc tout naturellement que Saparmyrat Niazov a publié, dès son accession au pouvoir, le Ruhnama que l’on peut traduire par « Livre de l’âme ». Selon cette œuvre, à laquelle est dédié un monument, les Turkmènes sont les inventeurs de la roue et de l’écriture. Le lecteur curieux y trouvera des perles comme celle-ci : « Plus la barbe est longue, moins il y a de cerveau, moins il y a de cerveau, moins la personne est sage ». Le puissant voisin iranien dont le clergé au pouvoir accorde une grande attention à sa barbe a sûrement apprécié. Évidemment, le Ruhnama figure au programme de toutes les écoles. Pour son auteur estimant son contenu d’une valeur égale à celle de la Bible ou du Coran : « celui qui par trois fois lira le Ruhnama, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l’existence divine et ira directement au paradis ». Une lubie ? Peut-être. Toutefois, Bouygues Construction ne la prendra pas à la légère. Le groupe de BTP traduira même le Ruhnama en français. Un geste salué par le potentat qui se montrera reconnaissant : Bouygues construira soixante-quatre bâtiments en vingt ans dans le pays, soit la moitié de l’activité internationale de la société sur cette période…