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L’Invention de l’anniversaire

Par Jean-Claude Schmitt

Broché (8,90 €)

Disponible sur Amazon, Fnac ou En librairie

176 pages

En bref

Chaque année, nous ne manquons pour rien au monde de fêter notre anniversaire ou celui de nos proches, faisant de ce jour l’un de nos grands moments de sociabilité. Et pourtant, ce rituel n’a pas toujours été une évidence. De Pythagore à Marco Polo en passant par Saint Louis, le richissime banquier Mathäus Schwarz ou Goethe, il a connu une lente évolution et de nombreux bouleversements. Ainsi, au Moyen Âge, on se préoccupait surtout du jour de la mort des individus, l’anniversarium, car c’est le trépas qui signait l’entrée dans la « vraie vie », celle de l’au-delà. Il faudra attendre les débuts de la Renaissance pour voir resurgir la célébration du jour de la naissance, sous l’influence croisée de l’humanisme, du protestantisme… et de l’astrologie. Des cercles aristocratiques jusqu’aux milieux populaires, Jean‑Claude Schmitt nous invite à découvrir l’histoire surprenante de l’invention de l’anniversaire et de sa dissémination progressive, de l’Antiquité jusqu’à nos jours.

Historien spécialiste l’anthropologie historique, Jean-Claude Schmitt est directeur d’études à l’EHESS. Médaille d’argent du CNRS il a enseigné dans les plus grandes universités américaines et européennes. Il a récemment publié Les Rythmes au Moyen Âge chez Gallimard. Ses ouvrages sont traduits dans plus d’une quinzaine de langues. Il dirige la collection Oblique/s chez Arkhê.

 

 

Presse

La Croix

On accorde aux anniversaires une place de plus en plus importante, au point de les fêter plusieurs fois : à l’école ou au bureau, avec les grands-parents ou les beaux-parents, entre amis… Une situation inédite pour une pratique française relativement tardive et qui, au regard de l’histoire, a mis du temps à se généraliser […]

Books

L’anniversaire est né quelque part entre le XIVe et le XVIe siècle. Difficile d’être plus précis, mais une chose est sûre : célébrer le jour de sa naissance n’est pas toujours allé de soi. Pendant de nombreux siècles, l’Occident a occulté cette fête, rappelle le médiéviste Jean-Claude Schmitt dans L’invention de l’anniversaire […]

La vie des idées

L’anniversaire de naissance n’a pas toujours été célébré, et encore moins selon un rituel fixe. Dans son essai, Jean-Claude Schmitt s’interroge sur les « rythmes de la vie » et la valorisation du temps individuel au Moyen Age. Une réflexion originale sur la genèse de l’individualisme moderne […]

Sommaire

I. Les « livres des costumes »

II. Conditions et obstacles

III. Les « âges de la vie »

IV. En amont : explorations

IV. En aval : l’adoption croissante de l’anniversaire

V. Pour finir 

Extrait

Depuis quand fêtons-nous l’anniversaire de notre naissance ?

La question a dû paraître suffisamment anecdotique aux historiens pour qu’ils ne l’aient jamais posée, ou peu s’en faut. Ce livre invite le lecteur à découvrir, non sans étonnement, le caractère tardif de la célébration de l’anniversaire de la naissance. Au point de départ de l’enquête, on trouve un document étonnant, «  l’autobiographie vestimentaire  » de Matthäus Schwarz. Au début du XVIe siècle, ce bourgeois d’Augsbourg, directeur financier de la célèbre firme commerciale des Fugger, a reconstitué, à partir de son 23e anniversaire, par le texte et l’image, toute son existence depuis sa naissance, puis il a continué de décrire, au fil des ans, les changements de son apparence vestimentaire. Or, l’anniversaire de sa naissance est souvent la cause de ces notations et de ces images. Mais pareille préoccupation est encore exceptionnelle à la Renaissance, bien qu’elle ne soit pas sans précédent depuis la fin du XIIIe siècle. Marco Polo la découvrit avec surprise chez le Grand Khan et une miniature plus tardive nous restitue cette célébration fastueuse. Au XIVe siècle, les rois de France, tel Charles V, se soucient du jour et de l’heure de leur naissance à des fins astrologiques et livrent à cette occasion commentaires et images d’horoscopes. Ainsi le Moyen Âge, qui était traditionnellement peu soucieux du jour de la naissance et de l’âge exact des individus, mais se préoccupait au contraire du jour de leur mort, a effectué progressivement un retournement lourd de conséquences de la mort vers la vie, de l’anniversarium funéraire vers ce que les textes d’époque nomment – d’un vieux nom romain – la « natalité ». Nous retraçons ici le lent établissement de la pratique de l’anniversaire, de ses rites – compliments, chansonnette, friandises, cadeaux, bougies – notamment dans les milieux aristocratiques de l’époque moderne, la bourgeoisie du XIXe siècle et enfin, mais pas avant le xxe siècle semble-t-il, dans les milieux populaires. L’histoire de l’anniversaire appartient naturellement à la «  longue durée  » et il faut attendre les 53 bougies du gâteau d’anniversaire de Goethe en 1802 pour assister véritablement à l’invention de l’anniversaire à peu près tel que nous le connaissons aujourd’hui.