Histoire du Surf

Par Jérémy Lemarié

Broché (21,50 €)

Disponible sur Amazon, Fnac ou En librairie

Ebook (13,00)

Disponible ci dessous au format Epub

240 pages

(Epub au format Fixed layout)

En bref

Surf trip, shaper, hang ten, tube, stoked : vous maîtrisez peut-être le vocabulaire du surf, mais saviez-vous que rien ne prédestinait le he’e nalu, une coutume ancestrale d’Hawaï, à devenir un phénomène d’ampleur mondiale ?

De la découverte des îles du Pacifique par le capitaine Cook à l’annexion de l’archipel par les États-Unis, les obstacles à son ascension furent nombreux et souvent dramatiques : guerres fratricides, épidémies mortelles et missionnaires brutaux ont bien failli faire sombrer l’art de la glisse dans l’oubli, en même temps que la culture hawaïenne.

Jérémy Lemarié retrace de manière inédite cette aventure extraordinaire, qui commence avec l’arrivée des premiers Polynésiens sur l’archipel et la naissance des premiers royaumes. Vous découvrirez que notre amour pour l’océan, le culte du corps, les rituels de baignade et l’art de chevaucher les déferlantes sont autant d’héritages issus de la culture insulaire. De Mark Twain à Jack London en passant par le Capitaine Cook et Duke Kahanamoku, jusqu’aux plages de Biarritz : une philosophie est née, avec ses légendes, ses héros, ses révolutions… et surtout, sa recherche éperdue de liberté. Le surf a enfin son histoire !

Jérémy Lemarié est docteur en sociologie, enseignant-chercheur à l’université Paris Sud, et rédacteur en chef de l’hebdomadaire anglophone Surf Blurb. Passionné de glisse, il a vécu à Honolulu, Long Beach, San Diego et a enseigné à l’université d’Hawaï.

 

Presse

Les Inrocks

Avec la démocratisation du surf, une véritable contre-culture s’est développée autour de cette discipline. Dans “Surf – Une histoire de la glisse, de la première vague aux Beach Boys”, le sociologue Jérémy Lemarié invite à distinguer les sages récupérations – plus ou moins – commerciales de la culture surf authentique.

France culture

L’art des canaques est une discipline olympique et les quelques centaines de pratiquants sont devenus des millions. Alors, après la vogue des années 1960 et la démocratisation de la pratique, que reste-t-il aujourd’hui de la culture surf ?

Le Zéphyr

Le Zéphyr a rencontré un docteur en sociologie qui vit au rythme de l’océan. Il s’attarde sur l’histoire du surf, et nous raconte comment cette pratique autochtone s’est mondialisée et a été adoptée par la France […]

Sommaire

I. Prologue

  • Un « océan d’îles »
  • Voyages océaniens et famille ‘ohana

II. Lorsque le surf était he’e nalu

  • Cultiver la distinction jusque dans le he‘e nalu
  • Les fonctions religieuses du he‘e nalu
  • Le rôle pacifiste du he‘e nalu dans l’organisation politique hawaïenne

III. À la découverte de l’étoile du Pacifique

  • Le capitaine Cook découvre Hawaï et le he‘e nalu
  • Les maladies étrangères et les guerres fratricides déciment la population hawaïenne
  • Les missionnaires et le surf : histoire d’un interdit
    Le « carrefour » de l’océanPacifique
  • Les missionnaires sont malpropres, ils feraient mieux de se baigner en mer

IV. Les hygiénistes ou les vertus curatives du surf

  • L’Occident tiraillé entre l’appréhension et l’admiration des vagues
  • L’eau froide « raffermit », l’eau chaude triomphe

V. Le tourisme romantique

  • Genèse du tourisme à Hawaï
  • Les « amphibiens » des
    îles Sandwich

VI. Le he’e nalu, une affaire nationale 

  • Surfer c’est résister
  • Un Hawaïen n’a-t-il pas la peau rouge ?
  • Le he‘e nalu survit, mais la couronne tombe

VII. Waikīkī ou le berceau du surf moderne

  • Vers une économie du tourisme
  • Les beachboys de Waikīkī et la naissance des clubs de surf
  • Que dire de la plage et des corps ?

VIII. L’envol californien

  • Le surf illumine l’« État doré »
  • Une nouvelle industrie émerge
  • La culture surf pop ou l’« âge d’or »

IX. Épilogue

Extrait

Un « océan d’îles »

Hawaï est une longue chaîne volcanique qui émerge soudainement de l’océan Pacifique. Son étroit chapelet d’îles et d’atolls s’étend sur environ 2 400 kilomètres. Dans les profondeurs abyssales du grand océan, une cheminée volcanique a permis l’émergence de ces terres au climat tropical. Selon les géologues, le « point chaud » d’Hawaï gronderait au-dessous de la plaque tectonique du Pacifique nord depuis des dizaines de millions d’années. Un point chaud est un phénomène géologique qui apparaît généralement en bordure de plaque, au cœur d’une dorsale océanique. Parfois, les éléments en fusion sous le plancher océanique déchirent violemment le manteau et la croûte terrestre, laissant place à une soudaine remontée de magma. L’océan n’est alors qu’un infime obstacle à la fureur du centre de la Terre, et des monts de laves surgissent à la surface pour donner naissance aux îles volcaniques. Près de 129 volcans composent la chaîne Hawaï-Empereur, qui s’étend sur 5 800 kilomètres, jusqu’aux fosses Aléoutiennes-Kouriles reliant la Corée à l’Alaska. Si le point chaud à l’origine de cette chaîne coudée reste plus ou moins fixe, la plaque tectonique, elle, se déplace. Son mouvement a donné naissance, au fil des millénaires, à une traînée de récifs, de bancs de sable, de bas-fonds, d’atolls, de guyots et d’îles, s’égrenant du sud-est vers le nord-ouest.

Les plus jeunes acteurs de ce ballet volcanique sont âgés d’environ 300 000 ans, et se situent à proximité du point chaud, tandis que les plus anciens, à l’extrémité de la chaîne, ont atteint l’âge respectable de près de 86 millions d’années. Fonctionnant tel un tapis roulant, les fonds océaniques déplacent ces géants de dix centimètres par an vers le nord-ouest. Aujourd’hui, la plus jeune île d’Hawaï, appelée Hawai‘i, ne cesse de grandir grâce à ses deux volcans en activité. L’un d’eux, le Mauna Loa, dit « longue montagne », culminant à 4 170 mètres d’altitude, est le plus haut volcan du monde, tandis que sa surface émergée constitue plus de la moitié de l’île. À ses pieds, le capricieux Kilauea est la demeure de Pélé, déesse hawaïenne du feu, de la danse et de la colère. Selon une légende, c’est elle qui provoquerait des séismes en frappant le sol de ses pieds, tandis que les éruptions seraient déclenchées par son Pa‘oa, un bâton magique.

Hawai‘i, Maui, Kaho‘olawe, Lana‘i, Moloka‘i, O‘ahu, Kaua‘i et Ni‘ihau sont les principales îles de l’archipel. Elles marquent la pointe nord du fameux triangle polynésien, dont les angles sud sont dessinés par la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques. D’une superficie totale d’environ 28 300 km2, Hawaï est considéré depuis sa découverte comme le « carrefour » de l’océan Pacifique– pourtant l’archipel se trouve à plus de 3 650 kilomètres de la Californie et à près de 4 750 kilomètres du Japon.

Pour les Hawaïens, l’archipel se situe au cœur d’« un océan d’îles » : le Pacifique. Ce dernier, célébré pour la diversité de ses milieux naturels et de ses cultures interconnectées, s’étend sur un espace de plus de 160 000 000 km2, occupant près du tiers de la surface de la planète – c’est ainsi le plus vaste océan du monde. Il entoure l’Océanie, considérée comme le plus mystérieux des continents du globe terrestre. Majoritairement aquatique, elle ne comprend pas moins de 25 000 îles, 38 millions d’habitants, seize États indépendants et quinze territoires, répartis sur plus de 8 millions de kilomètres carrés. L’Australasie est la région la plus peuplée de ce continent, qui est également composé de la Micronésie, de la Mélanésie et enfin de la Polynésie.

Dans la plupart de ces îles, de la Nouvelle-Guinée à l’île de Pâques, les vagues sont chevauchées par les insulaires. On y surfe presque partout, mais pas avec la même adresse, ni avec le même style. La forme de glisse la plus pure, la plus noble, la plus exigeante, est aussi la plus courante : c’est le bodysurf. Elle consiste à ne faire qu’un avec les rouleaux, sans aucun autre moyen que son corps. La poitrine sert d’appui sur les remous et permet au body-surfeur de se lover dans les flots impétueux. En 1786, le comte de La Pérouse observe cette pratique sur l’île de Pâques, en écumant le Pacifique pour le compte de Louis XVI. Vingt ans plus tôt, à Tahiti, Joseph Banks, membre de l’expédition de James Cook, voit même des « Natifs » fendre les vagues à l’aide d’une planche et se tenir debout. Les membres de ces grandes expéditions maritimes sont stupéfaits et frappés par l’acclimatation des Polynésiens au milieu liquide. Les plus experts sont les habitants de l’archipel d’Hawaï. Les « Sandwichiens », comme les nomme Cook, sont de véritables êtres « amphibies », qui se tiennent fièrement sur les crêtes des brisants à l’aide de planches élaborées. Leur adresse aquatique extraordinaire viendrait de la qualité et de l’abondance des vagues qui frappent le littoral nord-polynésien […]