Comment devenir écrivain ?

L’écrit est une affaire de professionnels, pas de dilettantes  !

Mohammed Aïssaoui signe un bel article sur Entrer en littérature, dans le supplément littéraire du Figaro, en voici quelques extraits.

Encore un sondage, un peu original celui-là : 32 % des personnes interrogées rêvent de devenir écrivain. C’est le plus grand parti de France. Plus de 1,4 millions de manuscrits traînent dans les tiroirs dont 400 000 ont déjà été expédiés à des maisons d’éditions. […] L’essai de Bertrand Legendre et Corinne Abensour analyse en profondeur − comme on l’a rarement fait − le profil de ces jeunes (et moins jeunes) qui publient leur premier texte, et passent en revue leurs stratégies, les relations auteur-éditeur, l’accueil des médias et « l’après premier roman » […]  Plus de 1,4 millions de manuscrits traînent dans les tiroirs dont 400 000 ont déjà été expédiés à des maisons d’éditions.


Dès l’introduction de leur essai, Legendre et Abensour, spécialistes de l’édition contemporaine, préviennent : «les premiers romans et leurs auteurs sont au coeur d’un paradoxe : sujets régulièrement médiatisés, ils restent cependant, en dehors des moments de forte actualité littéraire, un angle mort du champ éditorial.»

Trop souvent, expliquent-ils, les discours vont d’un excès à l’autre : d’un côté, l’histoire d’un succès fulgurant, comme en témoigne le dernier Goncourt attribué à Alexis Jenni ; de l’autre, les mille et une complaintes de la horde des écrivains en herbe dépités et en guerre contre les méchants éditeurs. L’impression dominante est qu’écrire (ou du moins être publié) est une affaire de professionnels. Les statistiques tirées de l’étude sont éloquentes :

17 % des auteurs de premiers romans sont des enseignants, 14 % des pros de la communication au sens large (pour la plupart journalistes), 10 % exercent dans les métiers du livre et 13 % dans l’art et la culture (dramaturges, scénaristes, auteurs-compositeurs).

Au total, la moitié de ces auteurs sont plus ou moins proches du monde de l’édition − une connaissance du milieu littéraire et des politiques éditoriales des éditeurs représente incontestablement un atout. Bien sûr, le fait que ces professionnels exercent le métier d’écrire joue à plein. Et, à cet égard, la partie intitulée «la relation auteur-éditeur : du rêve aux réalités» retient particulièrement l’attention. Le travail sur le texte est primordial.

D’ailleurs, Legendre et Abensour précisent que 60 % des « primo-romanciers » se sont vu demander des modifications par leur éditeur − les professionnels en ont l’habitude. Chez les Britanniques, ce taux monte à 80 %, et les changements demandés sont plus importants (modification de la structure narrative, de l’intrigue). On observe également que, très souvent, le premier roman n’est pas le premier écrit…

Pour aller plus loin : Entrer en littérature