Les Genres Fluides

Par Clovis Maillet

Broché (19 €)

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Ebook (10,00)

Disponible ci dessous au format PDF

180 pages

En bref

Pouvait-on changer de genre au Moyen Âge ? Vivre en homme et devenir sainte ? Naître fille et finir chevalier ? Changer d’habits comme d’identité durant cette période dominée par la chrétienté ?
Pour faire taire les idées reçues, Clovis Maillet démontre que les expériences de transidentité ne sont pas l’apanage de la modernité. Que le combat pour l’émancipation peut même passer par la réappropriation des figures de l’histoire. Ainsi l’héritage de Jeanne d’Arc est-il disputé à la droite nationaliste par les militants queer libertaires qui la considèrent, depuis la fin du xxe siècle, comme une guerrière transgenre.
De Jeanne d’Arc à Hildegonde-Joseph en passant par Eugénie-Eugène, sainte Thècle ou le chevalier Silence, ce livre propose une réflexion sur le genre en retraçant une histoire trans de l’époque médiévale.

Clovis Maillet est historien. Après une thèse sur la parenté chez les saints, il s’est imposé comme une référence sur les questions du genre et de la transidentité dans la culture médiévale.

Presse

Libération

L’historien médiéviste retrace les figures transgenres chez les saint·e·s depuis les débuts du christianisme. Une hagiographie qui éclaire les débats contemporains autour du genre, même si les «catégories» du passé diffèrent de celles d’aujourd’hui.

20 Minutes

La question du genre paraît très moderne. Mais si l’on remonte le temps, au Moyen Age, dans une société dominée par l’Église et la noblesse, pouvait-on changer de genre ? Pouvait-on naître fille et devenir chevalier, portant les armes ? Changer d’habits comme d’identité ? Ce sont les questions posées par Clovis Maillet, historien spécialiste des questions de genre au Moyen Âge

RTS

Dans Les Genres fluides, de Jeanne d’Arc aux Saintes trans paru aux éditions Arkhé, Clovis Maillet rapporte des histoires, des anecdotes, des récits surprenants, parfois miraculeux, tirés de la « Légende dorée ». Des histoires qui ont le mérite de nous faire réaliser que la question des genres est présente dans la société occidentale depuis bien longtemps et que les concepts d’identité sexuelle peuvent être flottants, lorsqu’ils sont observés avec un recul plus que millénaire.

Sommaire

S’émanciper

I.
JEANNE D’ARC, UNE HISTOIRE QUEER
• Performance queer autour d’une statue
• Retour sur la fabrication du genre de Jeanne

II.
JEANNE ET SES GENRES
• Le genre et l’habit dans la condamnation de Jeanne
• La nécessité chez Jeanne et ses contemporain·es
• Le travail du sexe
• Le théâtre
• La présomption de sainteté

III.
SILENCE, UNE JEUNE FILLE CHEVALIER
• Filles-chevaliers
• Silence, Nature et Noreture
• Une transition vestimentaire et corporelle
• Un nom épicène
• Merlin : prophétiser et performer le genre

IV.
JOSEPH-HILDEGONDE,DEVENIR GARÇON
• Une vie de voyages et de fausses accusations
• Un portrait au féminin
• L’homme transgenre doit être vierge

V.
EUGÈNE-EUGÉNIE, LA FLUIDITÉ EN IMAGES
• Eugène-Eugénie
• Un chapiteau unique en son genre

VI.
MATRÔNA-BABYLAS, SAINTE TRANS
• Matrôna-Babylas et le monastère de Bassianos
• Thècle, une sainte effacée

ÉPILOGUE

Extrait

S’émanciper

Le genre n’est pas tout à fait du même ordre que l’espèce, et pas non plus du même ordre que le corps humain. Le concept de genre lui-même présuppose un mode de relation : une relation entre masculin et féminin. Quand le genre devient un symbole, un type de relation sociale sert à désigner d’autres types de relations.

Marilyn Strathern

 

L’idée qu’une personne assignée femme à la naissance puisse en fait être un homme (ou l’inverse ou ni un homme ni une femme) est une réalité que vivent de nombreuses personnes au début du XXIe siècle, souvent victimes de violentes discriminations.

En remontant dans le passé, on pense souvent que les changements d’habit et d’identité n’étaient que temporaires, on se figure Barbette – ami de Jean Cocteau et Man Ray – et conseiller en performance de genre sur Some like it hot; Marcel Duchamp devenu Rrose Selavy; Rosa Bonheur, en pantalon sur les marchés aux bestiaux, ayant reçu un « permis de travestissement », ou le roi d’Assyrie Sardanapale en vêtements féminins. On se souvient parfois du triple mariage du joueur de Jazz Billy Tipton, qui avait emprunté la carte de Sécurité sociale de son frère à dix-huit ans, et vécu toute sa vie en homme, jusqu’à son décès en raison d’une maladie non soignée par peur d’une visite médicale. Les aventures de la chevalier-chevalière d’Éon au XVIIIe siècle côtoient parfois, dans l’imaginaire commun, la vie de l’abbé de Choisy, passant pour une femme auprès de son amant – lui-même décrit comme une jeune fille en pantalon. L’historienne Sylvie Steinberg a montré que ces deux derniers cas illustres faisaient écran devant la présence de centaines de personnes changeant d’habit et d’identité selon des modalités très diverses sous l’Ancien Régime.

Alors que les questions de transidentités et de fluidité de genre ont une historiographie récente et sont souvent décrites comme une des caractéristiques des mutations de nos sociétés actuelles, les sources historiques tendent à révéler une histoire sur la longue durée, bien que les termes qui peuvent qualifier ces récits et ces expériences fluctuent […]