Actuel Moyen Âge I

Par Florian Besson, Pauline Guéna, Catherine Kikuchi et Annabelle Marin

Broché (21,50 €)

Disponible sur Amazon, Fnac ou En librairie

Ebook (15,00)

Disponible ci dessous au format Epub

384 pages

En bref

Quel est le rapport entre les Templiers et l’écologie, Robert le Bougre et le terrorisme, l’évêque de Worms et les sextoys ou encore Philippe le Bon et les drones ? À des siècles d’écart, les préoccupations des rois, de leurs chroniqueurs ou des grands savants s’avèrent étonnamment proches des nôtres.
Violences religieuses, guerres, vagues migratoires, épidémies, place des femmes dans la société, écologie, famille, sexualité ou nouvelles technologies : ces sujets que l’on croit brûlants ne datent pas d’hier.
Ce livre revisite le Moyen Âge pour en faire entendre la résonance résolument actuelle et mettre en perspective les débats qui agitent nos sociétés.

Florian Besson, Pauline Guéna, Catherine Kikuchi et Annabelle Marin sont quatre chercheurs en histoire médiévale. De leurs pérégrinations dans les archives du monde est née l’idée d’Actuel Moyen Âge, qui vise à partager une histoire ouverte, diverse et libre. Il sont aussi les auteurs d’Actuel Moyen Âge, L’aventure continue.

Presse

Le Monde

Pour souligner convergences et écarts entre la société médiévale et la nôtre, quatre jeunes historiens ont investi les réseaux sociaux – avant de passer au livre. Un « anti-Métronome » : c’est en se référant au livre de Lorant Deutsch (avec Emmanuel Haymann, Michel Lafon, 2009) que Johann Visentini, directeur des éditions Arkhê, décrit Actuel Moyen Age. Mais, par cette expression, il ne désigne pas une inversion de polarité idéologique, qui remplacerait un discours sur l’histoire politiquement orienté par un autre. Il insiste au contraire sur le fait que, si le livre s’adresse aussi à un public très large, l’histoire s’y écrit avec les méthodes et les résultats de la recherche la plus récente et que c’est là la véritable différence […]

Lire

Le Temps

Un regard amusant sur le Moyen Age. La jeune maison d’édition exigeante, spécialisée en sciences sociales, a déniché ce bouillonnant collectif d’historiens sur le Web, où leur travail de vulgarisation aux accents pop a déjà une petite communauté de fans. Il faut dire que pour transmettre leur passion, les jeunes médiévistes ont trouvé un biais enthousiasmant: relier le Moyen Age à l’actualité contemporaine, pour démontrer que nos préoccupations d’aujourd’hui ne sont pas si éloignées de celles d’hier […]

Clio

Quatre chercheurs en histoire médiévale et un même projet : montrer que le Moyen Age n’est pas ce temps sombre, image souvent persistante pour le grand public. Ce livre ambitionne de répondre à « ce besoin d’histoire avec humour et talent, science et joie de vivre ». A ce titre, il relève non du médiéval fantastique mais du médiéval scientifique […]

Sommaire

FAMILLE, GENRE ET SEXUALITÉ

I. Autour du mariage

  • La famille pour tous
  • Les liens sacrés du mariage

II. Femmes

  • Mais qui va garder les enfants ?
  • De Jeanne d’Arc aux combattantes d’aujourd’hui
  • Être une « bonne » mère

III. Sexualités

  • Lancelot, Guenièvre et la Friendzone
  • Colomb découvre… le clitoris
  • La femme, le prêtre et le sextoy
  • Sodomie médiévale

AU JOUR LE JOUR

I. Un monde matériel

  • Le tabou de l’argent
  • Le Christ, les légumes et l’écologiste
  • Le sucre et l’invention du goût
  • Échanger « avec » ou échanger « contre »

II. Mode et loisirs

  • La deshonnesteté des habits
  • Suis-je belle ?
  • La coupe du monde 1314 n’aura pas lieu
  • Robots médiévaux
  • Avant le foot, les courses de char

RELIGION ET CULTURE

I. Le fait religieux

  • Je jure devant Dieu
  • Vivre, mourir et tuer pour Dieu ?
  • Mais quand commence le ramadan ?

II. Lire et écrire

  • Lire et écrire au Moyen Âge…
  • Les Barbares en perdent leur latin
  • Économie partagée
  • De l’octavo au Kindle

III. Apprendre

  • Être (à) Paris ?
  • Froissart et les Pokemons
  • Messire Marco Polo
  • L’invention du patrimoine

JEUX DE POUVOIR

I. Dominer et résister

  • Interdire le port d’armes
  • Philippe le Bel contre Monsanto
  • Grâce royale, grâce à qui ?
  • Trop de fonctionnaires ? Chevaliers en grève !

II. D’autres formes de pouvoir

  • Ménage à (t)rois
  • L’amour en politique
  • Tous égaux en maillot de bain ?

AUX MARGES DU MONDE

I. Voyages

  • Heureux comme Ulysse
  • La Méditerranée métisse
  • Le Tour de France

II. Le proche et le lointain

  • Inquiétants étrangers
  • La confiscation, quelle aubaine !
  • Les invasions (des clichés) barbares
  • Des animaux meurtriers…

ÉCOLOGIE

I. Nature et urbanisme

  • D’où vient la mer ?
  • Contourner l’Amérique par le Nord
  • Venise ou la ville pour tous
  • Villes en transition

II. Risques naturels

  • De la peste au permafrost
  • La cité va craquer
  • Acre et la pollution urbaine

Une Histoire…

 

Extrait

Lancelot, Guenièvre et la Friendzone 

« Friendzoner » consiste à reléguer un(e) proche dans un espace intermédiaire entre amour et amitié, un ventre mou des sentiments. Au lieu d’amant ou d’amante, on devient le ou la pote-hyper-sympa-avec-qui-pour-l’instant-il-ne-se-passera–rien. Depuis Rachel et Ross dans la série Friends, on croise fréquemment ce type de relations au cinéma, dans les romans, et surtout dans les séries.

A priori pas grand-chose à voir avec le Moyen Âge… et pourtant, comment ne pas penser aux aventures amoureuses de Lancelot et Guenièvre ? En effet, dans les romans courtois du XIIe siècle, la dame est souvent longue à céder aux déclarations et aux avances, laissant son soupirant dans un entre-deux des sentiments – même si elle finit tout de même par capituler. Amour ou amitié, voilà un des grands débats des romans courtois. Le troubadour du XIIe siècle, Bernard de Ventadour, utilise des mots bien proches de ceux que Chrétien de Troyes mettra dans la bouche de Lancelot pour célébrer sa dame :

D’amitié elle m’écarte ! / Mais j’ai confiance / Car d’elle du moins j’ai conquis / La belle apparence / Et j’ai en la quittant / Tant d’aise en mon âme / Que le jour de la revoir /Je serai sans tristesse. / Mon cœur est près d’Amour : / dont l’esprit là-bas court, / Mais le corps, ici, ailleurs / Est loin d’elle, en France.

Plus précisément, on peut trouver au moins trois points communs entre cette Friend zone et ce moment où le chevalier fait la cour à la dame, mais ne l’a pas encore « connue » bibliquement.

L’amour (courtois) n’existe pas

Le premier point commun est évident : que ce soit la Friend zone ou l’amour courtois, on a affaire à des relations fictionnelles, extrêmement codifiées, où les rôles sont définis à l’avance. Le « friend zonant », celui-qui-préfère-rester-ami, est plus généralement une femme. Elle s’efforce de rester dans le domaine de l’amitié, et le fait selon une série de normes que les deux protagonistes maîtrisent – et que nous, spectateurs, nous attendons à voir s’appliquer. Il en est de même pour l’amour courtois : la dame comme le jeune chevalier épris sont des personnages parfaits aux comportements extrêmement stylisés. Tellement parfaits qu’on les donne en modèle aux jeunes chevaliers célibataires qui peuplent les cours, comme celle des Plantagenets, ou plus tard de l’Île-de-France. L’historien George Duby en retraçant l’entourage de son héros « le meilleur chevalier du monde » dénombre seulement sept figures féminines aux comportements codifiés. Ces dernières ne font que de furtives apparitions dans le poème relatant la vie du fameux Guillaume le Maréchal.

Les jeunes chevaliers restent souvent célibataires durant de nombreuses années parce que les familles seigneuriales n’ont pas intérêt à marier tous leurs fils : ils prendraient le risque de voir leur héritage se morceler. Ainsi jusqu’à un âge parfois assez avancé, les chevaliers ne prennent d’épouse que si leur seigneur la leur donne – avec des terres. Sinon, ils attendent, rêvant d’un mariage qui signifierait la possibilité d’acquérir (enfin) une assise sociale. Bien sûr, ils ont accès à d’autres femmes – de rang social inférieur – mais ils rêvent d’une héritière comme épouse. La dame des romans courtois coche une série de cases : elle est mariée, souvent reine, et bien sûr toujours la plus belle. C’est le type même de la femme dont devaient rêver les jeunes qui se prenaient pour Lancelot.

À une autre époque, on aurait appelé cela un fantasme sexuel. Au XIIe siècle, il y a également derrière cette extrême codification un fantasme social […]